Rebecca Lee Crumwell

Eva Tanguay

L’artiste archéologue de la mémoire

Plusieurs affirment qu’Adèle Blais est une archéologue doublée d’une historienne. Ils ont bien raison puisque comme l’archéologue, la peintre-collagiste travaille au sol, les genoux posés au milieu de ses outils : des tubes de peinture, des pinceaux, des retailles de papier et des pots de colle. 

Avec toute l’attention, toute la délicatesse et toute la patience requises, elle s’applique à faire ressurgir des figures féminines enfouies dans l’oubli. Ou oblitérées -voire radiées- de l’Histoire.

On devine bien que ce rigoureux ouvrage de reconstitution historique ne se fait pas sans un considérable travail de recherche. Celle qui de son propre aveu était une étudiante moins qu’ordinaire se qualifie désormais de véritable « geek ». « Rien n’est anodin ou laissé au hasard. Je passe beaucoup de temps à lire, à prospecter des infos et dépoussiérer des archives. Ce qui était une passion à l’origine s’est peu à peu transformé en vocation, et ce, pour le reste de ma vie. Après tout, il n’est quand même pas normal qu’on ne se souvienne que de 2% de la moitié de l’humanité! », lance-t-elle en échappant un mot d’église.

Il va sans dire que cette mise en lumière de la contribution des femmes à l’Histoire a pour effet de changer le regard que l’on portait sur elle jusque-là. Plus encore, on peut affirmer que ces découvertes peuvent parfois changer l’Histoire elle-même! Si cela s’est avéré à l’international, c’est également le cas plus près de chez nous.

Ainsi, si l’histoire avait retenu qu’en rachetant à son propre compte les terrains que son conjoint, Gilbert Hyatt, avait été contraint de vendre les uns après les autres pour éviter la ruine, c’est peut-être Anna Canfield qu’on désignerait aujourd’hui comme la fondatrice de Sherbrooke. Il n’est pourtant fait mention d’elle nulle part, alors qu’un pont et une rue honorent la mémoire de Hyatt…

Anna Canfield

Et que dire de Maggie Sirois, originaire de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, qui fut considérée en son temps comme la femme la plus forte au monde. Des documents racontent qu’elle pouvait réaliser les mêmes exploits que le célèbre Louis Cyr, qu’elle défia publiquement. Parions qu’on souviendrait autant de Maggie Sirois que de lui si ce dernier avait eu le courage de relever le défi.

Enfin, qui se souvient de la flamboyante Eva Tanguay, reine incontestée du Vaudeville dans les années 1910? Véritable précurseure de Madonna et de Lady Gaga, cette star de Broadway, née à Dudswell, devint millionnaire en tenant tête aux bonzes du show bizz de l’époque, avant de tomber dans l’oubli.

Ce sont des figures comme celles-ci, souvent méconnues mais immédiatement reconnaissables grâce au talent et à la signature unique d’Adèle Blais, que le Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke vous invite à rencontrer jusqu’au (date). Après avoir fait escale à Hong Kong, Londres, Stockholm, New York, San Francisco, Miami, La Nouvelle-Orléans, Toronto et Montréal, une quarantaine de femmes, venues de tous les horizons de l’Histoire profiteront de l’été pour poser leur bagage. Et il est riche.

Adèle Blais dans son atelier

An archeological artist of history

Many claim that Adèle Blais is an archaeologist as well as a historian. They are quite right since like the archaeologist, the painter-collagist works on the ground, her knees resting in the middle of her tools: tubes of paint, brushes, scraps of paper and pots of glue.

With all the attention, all the delicacy and all the patience required, she strives to bring back to life female figures buried in oblivion. Or obliterated – even erased – from history.

One can guess that this rigorous work of historical reconstruction is not done without considerable research work. The one who by her own admission was a less than ordinary student now calls herself a real “geek”. “Nothing is trivial or left to chance. I spend a lot of time reading, prospecting for information and dusting off archives. What was originally a passion gradually turned into a vocation for the remainder of my life. After all, it is still not normal that we only remember 2% of half of humanity! “, she says, dropping a swear word.

It goes without saying that this highlighting of the contribution of women of history has the effect of changing the way we have seem them until now. Even more, we can say that these discoveries can sometimes change History itself! If this has been true internationally, it is also the case closer to home.

Thus, if history had remembered that by purchasing of her own account the land that her husband, Gilbert Hyatt, had been forced to sell one after the other to avoid ruin, it is perhaps Anna Canfield that we would designate today as the founder of Sherbrooke. However, there is no mention of her anywhere, while a bridge and a street honor the memory of Hyatt...

Isadora Duncan

And what about Maggie Sirois, a native of Sainte-Anne-de-la-Pocatière, who was considered in her time as the strongest woman in the world. Documents tell that she could achieve the same exploits as the famous Louis Cyr, whom she publicly challenged. Chances are, we would remember Maggie Sirois as much as Louis Cyr if he had had the courage to take up the challenge.

Finally, who remembers the flamboyant Eva Tanguay, undisputed queen of Vaudeville in the 1910s? A true precursor of Madonna and Lady Gaga, this Broadway star, born in Dudswell, became a millionaire by standing up to the show bizz stars of the time, before falling into oblivion.

It is historical figures such as these, often overlooked but immediately recognizable thanks to the talent and unique signature of Adèle Blais, that the Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke invites you to meet until (date). After stopping in Hong Kong, London, Stockholm, New York, San Francisco, Miami, New Orleans, Toronto and Montreal, some forty women from all walks of history will take advantage of the summer to expose their stories. And they are rich stories.