Marie-France Bourbeau dans son atelier

Âme oiseau No. 12

Femme des bois

Sculpteure et céramiste, Marie-France Bourbeau a le pouvoir d’insuffler une seconde vie à ce qui s’est éteint. Dans son atelier de West Brome, on peut sentir le feu qui anime cette artiste singulière qui puise son inspiration au cœur de ses forêts habitées.

Marie-France Bourbeau a fait le choix de vivre entourée de nature. « J’ai toujours aimé le côté mystérieux de la forêt. Très jeune, je l’imaginais vivante, remplie de créatures magiques. » Depuis 15 ans, la forêt inspire son art. « C’est mon amie précieuse, celle qui m’a aidée à me tenir debout », affirme l’artiste pour qui la perte d’êtres aimés a agi comme moteur dans son processus de création et de libération.

Créatures hybrides

Surplombant la forêt, son atelier regorge de pièces de bois mort qu’elle ramasse au gré de ses promenades « Au départ, j’étais particulièrement attirée par les branches ressemblant à de longues jambes. Ce fut un déclic créatif. » Très vite, ses Géants se sont imposés. Pour ajouter la part manquante qui permettra à ses créatures d’exister, elle renoue avec la céramique.
« En modelant des têtes et des portions de corps à partir d’argile et parfois de papier mâché, j’ai réalisé que je pouvais recréer une créature complète, redonner vie à ce qui n’en a plus. » 

Âme oiseau No 9

Sur les ailes d’un ange

Une résidence de création en Andalousie lui donnera des ailes. « Un jour, j’ai libéré un oiseau prisonnier du poêle à bois de l’atelier où je créais. À partir de ce moment, j’ai vu des ailes dans tous les morceaux de bois que je ramassais. » Elle y créera in situ une série de sculptures inspirées des oiseaux.  « C’est un peu comme si j’arrivais à libérer quelque chose, à m’éloigner un peu de la terre. »

Il y a cinq ans, à Kamouraska, une exposition acclamée de ses Géants la propulse dans une nouvelle dimension. En 2021, une résidence d’artiste à l’École d’art de Sutton l’amène à créer une installation aérienne à partir de bois calciné. « Les matériaux brulés, c’est un peu la métaphore de ce qui a été détruit ou est appelé à disparaitre. » En chute libre ou en plein vol, les créatures mi-charnelles mi-spirituelles de Entre terre et ciel semblent chercher la lumière.

Un nouveau langage

Longtemps portée par le thème de la disparition, Marie-France Bourbeau est plus lumineuse que jamais. « Ma façon de créer est empreinte d’une plus grande liberté. C’est un peu comme si j’étais arrivée à bâtir un alphabet avec des branches, des racines et des personnages qui dialoguent aujourd’hui entre eux. J’habite maintenant « leur » univers, à l’écoute de ce qui pourrait bien être un nouveau langage. »

Oeuvre de la collection Les Éthérés

Woman of the woods

Sculptor and ceramist, Marie-France Bourbeau has the power to breathe a second life into what has died out. In her studio in West Brome, you can feel the fire that animates this singular artist who draws her inspiration from the heart of her inhabited forests.

Marie-France Bourbeau has chosen to live surrounded by nature. “I have always loved the mysterious side of the forest. Very young, I imagined it alive, filled with magical creatures. For 15 years, the forest has inspired her art. "She's my precious friend, the one who helped me stand up," says the artist for whom the loss of loved ones acted as a driving force in her process of creation and liberation.

Le baiser du serpent

Hybrid creatures

Overlooking the forest, her workshop is full of pieces of dead wood that she picks up during her walks “Initially, I was particularly attracted to the branches resembling long legs. This was a creative click. Very quickly, these Giants imposed themselves. To add the missing part that will allow her creatures to exist, she returns to ceramics. “By modeling heads and parts of bodies from clay and sometimes papier-mâché, I realized that I could recreate a complete creature, bringing life back to something that no longer has it. »

On the wings of an angel

A residency in Andalusia gave her wings. "One day, I freed a bird trapped in the wood stove of the workshop where I was creating. From then on, I saw wings in every piece of wood I picked up. She created in situ a series of sculptures inspired by birds. "It's a bit like I was able to release something, to distance myself a little from the earth. »

Five years ago, in Kamouraska, an acclaimed exhibition of her Giants propelled her into a new dimension. In 2021, an artist residency at the Sutton School of Art led her to create an aerial installation from charred wood. “The burnt materials are a bit of a metaphor for what has been destroyed or is destined to disappear. In free fall or in full flight, the half-carnal, half-spiritual creatures of Between Earth and Sky seem to seek the light.

A new language

Long driven by the theme of disappearance, Marie-France Bourbeau is more radiant than ever. “My way of creating is imbued with greater freedom. It's a bit as if I had managed to build an alphabet with branches, roots and characters who talk to each other today. I now live in "their" universe, listening to what could well be a new language. »

Géant no 3 Rêveur (credit Pierre Theroux)